Notre méthodologie
La Ferme Linguistique a vocation à conduire ou accompagner des apprenants de langue seconde ou étrangère vers le bilinguisme/plurilinguisme. Pour cela, notre approche pédagogique est basée sur l’ANL (Approche Neurolinguistique d’enseignement des langues).
Créée il y a plus de vingt ans au Canada, cette approche d’enseignement (au départ, du français pour les anglophones) devait répondre au défi d’un pays visant la réconciliation entre anglophones et francophones et désireux de développer un bilinguisme réel.
Deux universitaires à la pointe de la didactique des langues, l’anglophone Joan Netten et le francophone Claude Germain, avaient alors commencé à analyser sur le terrain quelles étaient les meilleures pratiques pédagogiques, quels étaient les résultats selon les stratégies employées, et c’est la rencontre avec des chercheurs en neurolinguistique (Michel Paradis, Normal Segalowitz, Nick Ellis, entre autres) qui les a amenés à formaliser une approche pédagogique holistique, basée sur les avancées des neurosciences cognitives, et qui remet radicalement en question les pratiques usuelles des classes de langue.
LE PARADOXE GRAMMATICAL
Comment se fait-il que, d’un côté, il y ait autant de personnes qui ont appris pendant des années une langue étrangère et qui sont pourtant dans l’incapacité de l’utiliser pour communiquer alors que, d’un autre côté, il y a tellement de gens qui n’ont jamais étudié leur seconde langue et qui peuvent communiquer avec aisance et précision dans celle-ci ?
Cette question résume ce que Claude Germain et Joan Netten, les fondateurs de l’ANL, appellent LE PARADOXE GRAMMATICALE.
Ce paradoxe ne résulte pas du fait que certains seraient “doués” pour les langues tandis que d’autres seraient naturellement “nuls” (car, en réalité, nous avons tous un cerveau qui est naturellement câblé pour assimiler n’importe quelle langue !). La cause de cet échec de l’enseignement des langues – à peu près partout dans le monde – ne vient pas non plus d’une mauvaise volonté des instances éducatives ou d’un manquement professionnel des enseignants…
Ce hiatus entre les efforts fournis par les apprenants, les enseignants et les résultats quant à la capacité réelle d’utiliser les langues vient d’une conception erronée de l'appropriation de ces langues : vous pouvez passez des heures et des années à apprendre la grammaire et le lexique d’une langue étrangère, vous ne la parlerez jamais comme vous le voudriez… car cet apprentissage-là ressort de la mémoire déclarative, alors que la fluidité en langue seconde est du ressort de la mémoire procédurale, qui engage les gestes moteurs de manière spontanée et non consciente conséquemment à un réemploi important des mêmes phrases dans des contextes d’utilisation authentiques.
L’ANL se résume en 5 principes pédagogiques fondamentaux desquels découlent toutes les stratégies d’enseignement mises en œuvre :
• La GRAMMAIRE : non pas pour ou contre la grammaire, mais deux grammaires doivent être développées. La grammaire interne, qui s'acquiert par l’utilisation systématiquement modélisée et corrigée de la langue cible, et la grammaire externe, qui s’apprend par une observation en contexte des particularités de la langue formelle.
• La LITTÉRATIE : la pédagogie requise pour développer un haut niveau en lecture et en écriture en langue seconde/étrangère ne peut pas être la même que pour une langue que l’on parle déjà très bien. C’est pour répondre à ce besoin que l’ANL suit toujours la boucle de la littératie : d’abord l’oral, puis la lecture (de ce qu’on sait dire) puis l’écriture (de ce qu’on sait dire et lire), afin de pouvoir lire et parler de ce qu’on vient d’écrire.
• L’AUTHENTICITÉ DE LA COMMUNICATION : est d’une part la garantie d’un engagement cognitif efficace lors des échanges langagiers, mais elle garantit en outre que toutes les formes langagières utilisées dans la classe correspondent à des situations et des usages de la vie réelle (en cela, l’ANL rejoint la perspective actionnelle, recommandée par le CECRL).
• Les INTERACTIONS SOCIALES : entre les apprenants, dans la classe, mais aussi avec des intervenants extérieurs, des rencontres in situ auprès d’autres locuteurs, sont également le moyen, d’une part, d’optimiser le temps d’utilisation de la parole des apprenants, mais également le moyen de favoriser les échanges authentiques et l'engagement cognitif.
• La PÉDAGOGIE DE PROJET : est ce qui donne du sens à l’apprentissage, ce qui le relie à la vie sociale ou professionnelle et ce qui permet, du point de vue cognitif, que l’apprenant soit en permanence focalisé sur le sens de ce qu’il fait plutôt que sur la forme de la langue qu’il est en train de s’approprier.
MATÉRIEL PÉDAGOGIQUE : À La Ferme Linguistique, nous n’utilisons pas de manuel, nous ne faisons pas apprendre par cœur des listes de vocabulaire ou de conjugaisons ; les apprenants parlent d’eux, entre eux, et tout le matériel d’apprentissage (textes, documents audio, cartes mémoires) est construit pour chaque groupe au fur et à mesure des échanges avec les apprenants sur ce qui les intéresse eux.